Equipe de rédaction
Directeur de la Publication:
P. François-Xavier DJAGLI, SVD
Rédacteur en chef: Cyriaque SOUNOU
Secrétaire de la Rédaction: Jacques BIDAHOU
Distributeur: Matthieu KOUDADA
N° 023 / Octobre - Décembre 2010

SOMMAIRE

EDITORIAL 

NOEL : Dieu vient à la rencontre de l homme

QUEL AVEUGLE INGRAT !

INTERVIEW: QUELLES MŒURS POUR QUELLE AFRIQUE ?

Saint Arnold JANSSEN

POEMES

Humour

René KPABI s'en est allé!

Des entretiens intérieurs de Jésus-Christ avec l'âme fidèle

E-mail: postulatgrainsvd@yahoo.fr

EDITORIAL 

Nos jeunes postulants à la quête de Dieu

Après leurs congés de fin d’année, les postulants ont repris leurs activités intellectuelles, spirituelles et pastorales depuis le 01 octobre 2010 par une messe concélébrée par les formateurs et le provincial dans la chapelle de la maison provinciale. Cette année, ils sont au total 14 qui veulent mûrir et approfondir leur vocation dans la congrégation des missionnaires du Verbe Divin, laquelle est consacrée à l’annonce du Verbe incarné partout dans  le monde entier(le monde est notre paroisse).

Ces jeunes venant du Togo et du Bénin ont tout quitté comme Pierre et ses compagnons et veulent consacrer leur vie à Dieu. Malgré les défis de l’heure,  les crises que traversent l’Eglise (crise d’identité et de rébellion contre Dieu) et  dans un monde où la plupart des jeunes ont perdu tout repère, ces postulants convaincus de leur foi et pleins  de vigueur veulent nous dire que se consacrer totalement à Dieu et  travailler pour  son règne est encore possible aujourd’hui. Ces chercheurs de Dieu, qui s’engagent  dans cette aventure ambiguë sans savoir s’ils pourront atteindre le but, ont besoin au-delà de tout, de  notre soutien spirituel.

Portons-les dans nos prières pour qu’ils puissent se laisser façonner par  le Christ au cours  de leur  formation afin de devenir  des hommes de Dieu, personnes «christi formes », capable d’offrir au monde un limpide et joyeux témoignage de tous ceux qui sont vraiment appelés par Dieu lui-même.

Que la Vierge Marie, Reine des vocations et trône de la sagesse obtienne pour eux les grâces nécessaires pour une formation intégrale capable de les mener sur le chemin de la sainteté.

Bon temps de l’avent et bonne fête.

P. François-Xavier DJAGLI, SVD

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NOEL : Dieu vient à la rencontre de l homme

            Entrés dans le temps de l’Avent, nous nous préparons à célébrer Noël, jour où Dieu a “visité” la terre des hommes, planté sa tente parmi nous. Ce temps est favorable pour comprendre plus clairement la “mission de l’Eglise” comme une “visite”, puisque c’est ainsi que Jésus le Sauveur s’est manifesté. Qui dit visite dit rencontre. Ce fut le cas de Marie avec sa cousine Elisabeth lors de la Visitation, où d’un merveilleux échange a jailli le Magnificat.

            Tout homme est fait pour recevoir et rendre des visites. Grâce au regard et à la parole échangée, la visite peut devenir rencontre. Il faut aller doucement car quand on est différent, on risque de se croire ou d’être en posture dominante. Comment ne pas s’émerveiller de la délicatesse du Dieu Tout Puissant, qui vient visiter son peuple dans la faiblesse du nouveau-né de Bethléem ?

Quelque chose bouge quand il y a visite. Jésus est venu à la rencontre des hommes. Les grandes conversions de l’Evangile, ce sont des rencontres inopinées ou des visites : Zachée, Nicodème, la Samaritaine… Qu’en est-il pour  nous les amis du Seigneur aujourd’hui ?

            « La rencontre profondément vécue surprend, trouble, inquiète parfois, mais elle met en route.» Mgr Thomazeau. Nous sommes aujourd’hui dans une société  qui appelle sans peur à la rencontre, à la visite. Annoncer à quelqu’un Jésus-Christ, le divin enfant et le premier-né d’entre les morts, c’est  lui rendre visite et repartir avec lui à zéro en toute humilité avec pour berger ce petit enfant, pour un bout de chemin. Dans la gratuité, le visiteur qui vit de Jésus est lumière pour l’autre, mais s’il y a vraiment rencontre, il reçoit aussi du « visité » un reflet de la présence de l’Esprit

            Dieu prend le maquis pour rejoindre ses vrais fidèles. Il faut être pauvre, petit, enfant, il faut être simple et humble pour l’accueillir et deviner que Dieu seul peut nous surprendre à ce point. Le Dieu auquel nous croyons est celui qui fit l’homme à son image et à sa ressemblance, qui s’est fait homme et qui parle depuis des siècles un langage d’homme pour communiquer avec nous.

            Pour montrer combien il nous dépasse, il ne faut pas le couvrir de dons magiques, de sciences infuses ou de facultés surnaturelles. Il suffit de dire comment il aimait, comment il respectait et guérissait les malades, et comment il savait pardonner. Nous avons longtemps cru que la dignité de Dieu réclamait d’innombrables pouvoirs qui nous écrasaient, mais il a été révélé à Noël, qu’être Dieu, c’est simplement être tellement aimant, tellement plus humain que nous. Seul ce Dieu pauvre, seul ce Dieu humain peut sauver. Car l’homme, dans sa misère, est toujours tenté de s’inventer un Dieu qui soit la compensation de ses insuffisances et la réalisation de ses désirs. Parce que l’homme est pauvre, il imagine un Dieu riche. Parce que l’homme est faible, il faut que Dieu soit puissant. Parce que l’homme souffre, Dieu ne peut être qu’invulnérable, impassible, insensible, inaltérable ! Et parce que l’homme est dépendant et solidaire, il lui plaît de se représenter Dieu solitaire, autonome, suffisant, indépendant.

            Noël libère l’homme, sauve l’homme par la révélation d’un Dieu humble, doux, pauvre et miséricordieux. L’Evangile, la Bonne Nouvelle que Noël proclame, c’est que pour ressembler à Dieu, nous ne devons plus devenir riches, forts, solitaires, bien-portants ou majestueux. Il nous suffit d’aimer un peu plus, de servir un peu davantage, de nous rapprocher des pauvres, de lutter pour plus de justice.

 Sur la paille de la crèche comme sur le bois de la croix, le Christ est la révélation de ce qu’il y a de plus profond et de plus vrai en Dieu « Qui me voit, voit le Père. » Cela choque, cela surprend. Dieu est pauvre, pauvre de tout ce que nous convoitons, recherchons, ambitionnons. Ne dites pas que Dieu se cache ou qu’il est absent du monde. Si nous voulons rencontrer le vrai Dieu qui vient à nous, nous devons aller à la rencontre des pauvres.

            Noël est aussi la fête qui orientera nos aspirations à l’orée de l’année nouvelle pour que nous puissions être des combattants inlassables pour une Terre plus harmonieuse et plus humaine. Noël est la prière que nous formulons dans le silence de notre cœur pour vivre en surabondance le Bonheur d’être aimé de Dieu ainsi que nos frères et sœurs incroyants. Et lorsque nous venons nous agenouiller devant l’infinie Majesté de notre Dieu, nous nous retrouvons à genoux devant l’immensité de la misère humaine. Les hommes sont tristes, faibles et violents, et pourtant il suffit qu’un amour naisse et les réunisse pour que Dieu devienne présent parmi eux.

Heureux Noël à toutes et tous et que vos soucis se transforment en pépites d’allégresse.

Sources :

- http://catholique- Montpellier

- La Bible de Jérusalem              

- Théo Encyclopédie catholique pour tous

TENGUE Daniel 

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QUEL AVEUGLE INGRAT !

                                                         (Suite et fin du N°22)

            Un  aveugle errant miraculeusement récupéré et guéri par un roi, est élevé au rang des princes par ce même roi à cause de sa docilité et de sa générosité envers ce dernier. A la fin de son séjour chez le roi, il a reçu pour épouse la fille du roi et en récompense beaucoup d’autres objets de grande valeur contre trente œufs de pintade dont il avait fait don au roi.

            Avant de le laisser partir avec sa femme le roi se souvient  et lui recommande de ne pas s’arrêter au lieu de grande foule…

             Va-t-il rester fidèle à cette recommandation ?...

            Après cet avertissement, l’homme partit avec sa femme. Chemin faisant, le nouvel époux entendit au loin le rythme de tam-tams. Et il murmura : « Tiens une fête ! J’irai étancher ma soif d’alcool ». Sans hésiter son épouse lui rappela d’une voix vraiment à faire prendre conscience, les recommandations de son père avant leur départ. Mais Tomènou feignit d’ignorer ce rappel à l’ordre et se rendit gaiement au lieu de la réjouissance populaire.

            Arrivés dans cet attroupement d’hommes qui buvaient au rythme de tam-tams, Tomènou et sa femme ont attiré l’attention de toute la foule en liesse, car royalement vêtus. Aussitôt les batteurs ont brigué une pause pour mieux offrir l’accueil aux hôtes inattendus. Leur admiration devant l’aspect majestueux de ce couple se mêla pourtant à un grand étonnement. En effet quelques-uns reconnurent derrière ces parures leur ancien aveugle Tomènou, très populaire. Ils s’étonnaient du fait qu’un pauvre aveugle errant, ait recouvré la vue et, qui de plus est, soit promu à un rang aussi élevé que celui d’un prince et marié à une princesse. On leur céda une place d’honneur. Et après les commodités d’un bel accueil, un groupe de malveillants imbus de haine spontanée, commencèrent à aiguiser leur curiosité malencontreuse. Des questions malicieuses furent alors tendues à Tomènou qui y répondait avec une fierté naïve.

*Qui t’a fait recouvrer la vue, puisque nous te connaissions aveugle ?

*C’est un  homme de bien qui m’a guéri.

*As-tu pu vraiment traduire ta reconnaissance à cet homme de bien ?

*Oh toute ma reconnaissance s’est laissée traduire par un don de quelques pauvres œufs…

Lorsqu’il prononça l’expression « pauvre œuf »la foule lui coupa la parole aussitôt.

*Tu dis « pauvres œufs !» Connais-tu la valeur d’un œuf ?

*Non informez-moi dit-il avec attention.

*Eh bien un œuf vaut trente chevaux, trente bœufs, trente femmes sans compter le petit bétail.

A toi d’évaluer.

*Ah bon !

*C’est bien cela confirma la foule unanime.

            Tomènou se gonfla alors de colère. Il se retourna vers son épouse et menaça : « Je vois maintenant pourquoi ton père m’interdisait d’aller dans un attroupement d’hommes au cours de notre voyage ! » Et la foule de renchérir : « Il t’a trop escroqué !» Furieux et sombre Tomènou redit à sa femme : « Ton père est un véritable escroc », mais d’une voix osée, sa femme lui souffla à l’oreille : » cette foule te trompe ».Tout confus déjà une seule idée resta à l’aveugle guéri : aller reconquérir ses biens auprès de son « escroc » Tomènou rougit comme un lion agressé, chevaucha à nouveau sa monture pour retourner reconquérir sa fortune : trente œufs de pintade sauvage. Son épouse la fille du roi incapable de le dissuader, le suivit comme un agneau dans un tourbillon de poussière causée par des sabots des deux chevaux au galop. En un clin d’œil ils rejoignirent le palais. A leur vue le roi s’est dit : » ma recommandation est transgressée » Son beau fils bondit de sa monture, les yeux éjectés de sang et hurla : » Escroc, remets-moi mes trente œufs immédiatement ».

*Soit un peu raisonnable, mon fils, répond le roi.

*Salaud ! Tu ne peux plus m’anéantir par cette expression déplacée « mon fils » car je ne peux jamais être le fils d’un si grand escroc comme toi, répliqua vivement Tomènou.

             L’impertinence de l’ancien aveugle finit par exaspérer le roi qui appela sa fille à s’asseoir  près de lui. Il retira à Tomènou ses deux chevaux et ses costumes royaux. Il demanda ensuite à sa plus jeune femme de lui restituer ses trente œufs  que le roi avait eu la présence d’esprit de conserver dans un pot bien caché sous son lit .On les lui ramena. Et le roi ayant convoqué des témoins oculaires, fit compter des œufs devant eux. Et les œufs étaient au nombre. Il les remit ensuite au propriétaire pour les vérifier. Après les avoir comptés « one by one », Tomènou confirma qu’ils étaient au nombre.

  Avant de le congédier, le roi lui retourna ses haillons et sa canne. Heureux d’avoir repris sa dite fortune, Tomènou fit ses adieux à sa famille royale et s’en alla. Malheureusement peu avant d’atteindre le rassemblement d’alors, tout s’assombrit à nouveau devant lui à jamais. Il redevint aveugle. Il retourna à tâtons vers la foule « conseillère ». Il y arriva barboté de sang pour avoir été lacéré par les lianes épineuses des champs .Ses genoux et ses orteils avaient tellement reçu des chocs qu’il saignait abondamment.

            Une fois dans la foule, il parvint à s’affaisser quelque part et dit d’une voix enroulée : « Je suis revenu avec les œufs ! ». Mais personne ne lui faisait attention. Il répétait plus fort : « je suis déjà là avec les œufs » Mais une voix l’étouffa : « Merde ! Tu nous embêtes avec tes œufs. Qu’est-ce- qu’un œuf dans ce village ? Les gamins en ramassent chaque jour dans leurs besaces de retour des champs. Colle-nous la paix » A ces mots l’aveugle sidéré s’écroula  de désespoir en brisant les œufs «  sa fortune »

A chacun de tirer la leçon qui lui convient…

Cyriaque SOUNOU                                             

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INTERVIEW

THEME : QUELLES MŒURS POUR QUELLE AFRIQUE ?

Le Grain: Bonjour Monsieur. Pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs du Grain ?

Mr ANAGONOU Maurice: On m’appelle Maurice ANAGONOU. De religion catholique, je suis marié depuis 1993, et père de deux garçons (16 et 14 ans)

Comme profession, je suis Formateur agréé par l’organisme international PRH-International

Le Grain: Vous venez de parler de PRH, qu’est-ce que c’est ?

Mr ANAGONOU Maurice: PRH (Personnalité et Relations Humaines) est une école de formation basée sur une recherche psychologique et pédagogique permanente portant sur la croissance de la personne.
La formation proposée aide à :
▪ dégager ses richesses personnelles et développer sa solidité,
▪ vivre en fidélité à soi-même,
▪ libérer sa capacité d’aimer et de se laisser aimer.
 

Nous transmettons une vision positive de la personne. La foi dans ses capacités et le respect de sa liberté sont des valeurs centrales.
Nous utilisons une méthode d’analyse de l’expérience personnelle avec des moyens complémentaires qui accélèrent la croissance des personnes, des couples et des groupes.
 Nous proposons des programmes de durée variable en ce sens.
Ainsi contribuons-nous à l’humanisation des sociétés depuis plus de 35 ans.

Le Grain:   Venons-en à notre sujet ! Pourriez-vous nous dire ce que vous entendez par ‘’mœurs’’ ?

Mr ANAGONOU Maurice : « Habitudes considérées par rapport au bien ou au mal dans la conduite de la vie. Une manière de vivre, coutumes et usages d’un pays, d’un peuple. »  Pour faire court, je retiens que les mœurs constituent des manières de vivre qui peuvent humaniser ou déshumaniser l’Homme.

Le Grain: Votre définition des ‘’mœurs’’ nous amène à vous demander de nous parler des mœurs dans la société africaine avant son contact avec la modernité.

Mr ANAGONOU Maurice: La société africaine n’existe pas en tant qu’entité unie harmonieuse, ayant une identité collective propre, des conceptions du monde, de l’homme et de la société largement partagées.  Il serait plus juste de parler de « sociétés africaines » au pluriel.

Parmi ces sociétés, celle que je connais le plus c’est celles qui partagent  la culture fon au sud du Bénin. C’est d’elles que je peux parler.

Ceci dit, pour répondre à votre question, il nous faudra parler des mœurs et de la modernité avant de les relier dans le temps.

En matière de mœurs, les individus se conduisent avec les principes, normes, qu’ils se sont donnés.

Un principe, c'est une formule ramassée sous forme de slogan pour conduire sa vie. Par exemple "La nature est belle, mais le monde est méchant ».

Les Normes sont, d’après le media DICO de Microsoft,  des principes qui servent de règles de vie.

Les principes permettent de prendre du recul par rapport  à :

- l’instinctivité et les envies du corps (les pulsions),

- les circonstances pour agir,

- les attentes des autres sur soi,

- ce qui se fait dans le milieu.

La modernité peut se caractériser par "la conformité aux évolutions les plus récentes, l’appropriation  des progrès les plus récents."

Pour répondre à votre question, je pars du présupposé que : "les conceptions de la finalité de la vie humaine sur terre", sans être les seules, influencent les mœurs des personnes qui partagent ces visions.

Dans la culture fon, la finalité de la vie peut être appréhendée par l’analyse étymologique  des étapes de la vie que sont :

La petite enfance,

L’enfance

L’adulte ;

La sagesse ;

La vieillesse

A la naissance, le nouveau-né est considéré comme un esprit en visite sur terre. Mal accueilli, cet esprit peut choisir de retourner d’où il vient. A ce titre il ne peut consommer du sel. C’est après le baptême traditionnel qu’il est considéré comme être humain et membre de la famille de naissance. Il peut alors consommer un repas salé.

D’après le système explicatif des comportements a-sociaux, un enfant qui n’a pas connu ce baptême développe des manières de vivre marginales.

L’enfant est appelé « vi ». Nous ignorons ce qu’il peut étymologiquement signifier.

- Par contre, garçon, appelé «vi sou  nou » est la contraction de « vi, soussou nou » qui signifie étymologiquement "enfant (vi), source (nou) de gloire (soussou) » ;

- la fille est appelée « vi gnon nou» qui est la contraction de (vi, gnonna nou) signifiant étymologiquement "enfant (vi), source (sou) de bonheur (gnonna)"

La vocation de l’enfant est d’être source du bonheur des siens pour les filles, et de gloire de ses parents et de sa famille pour les garçons.

Un comportement pervers ne participe pas de la réalisation de cette vocation.

L’adulte, traduit par (MIN HO), est la contraction de  (MIN DA HO) qui se traduit par «celui (MIN) qui cuisine (DA) la parole (HO) ; ce qui nous suggère que l’on devient adulte en « intégrant la parole associée à sa personne, en actualisant une parole dite à l’encontre de soi, en incarnant une parole prononcée sur sa personne ». De ce point de vue, une vie dépravée n’est pas une actualisation de la parole qu’on est.

Le sage se dit « MIN DJO MIN » ou « GBETO DJO GBETO ». Étymologiquement, l’homme (GBETO) qui engendre (DJO) l’homme (GBETO) ; ou celui (MIN) qui engendre (DJO) autrui (MIN). Le sage c’est celui qui engendre l’humanité dans l’autre, celui dont le contact humanise.  Un jeune de comportement dépravé n’est pas considéré comme étant de bonne compagnie.

La vieille personne se dit « GNON HO NON » ou « GNON DAHO » qui sont différentes contractions de « GNONNA (bonheur), DAHO (grand/supérieur), NON (mère)».   Le vieillard est celui qui a le bonheur supérieur. Ils sont considérés comme des personnes qui ont respecté les lois de la nature (GBE SOU) et de la collectivité familiale. Cette bénédiction ne peut être accordée à quelqu’un qui a mal vécu, qui a mené une vie dépravée.

En résumé, on vit pour glorifier, rendre heureux les siens ; en incarnant la parole qui est associée à sa personne ; en humanisant les personnes qu’on rencontre ; en cultivant le développement de la vie en soi et autour de soi, dans l’espoir de vivre le plus longtemps possible.

Ainsi le respect de la vie, la culture de développement de la vie, le sens de la collectivité, la longévité, l’absence de conflit, la paix, la tranquillité, l’obéissance à l’adulte, la soumission, l’humanisme... sont des valeurs directrices d’une vie humaine. Certes, cela n’empêchait pas des écarts de comportements. Mais ces écarts sont généralement contrôlés et maîtrisés.

Le Grain: L’écrivain Cheikh Hamidou KANE, dans son ouvrage Les Gardiens du Temple, a entrepris, grâce au fil ténu de l’écriture, de coudre le monde noir en lui-même, intérieurement et de toutes parts, en remontant à ses sources les plus profondes et les plus mystérieuses, pour tenter de mieux saisir toute l’ambiguïté d’une Afrique qui se bat au rythme de ses croyances et de ses obsessions, et tenter de se frayer un chemin vers la modernité. A l’heure de cette modernité, peut-on soutenir que les Africains demeurent toujours fidèles à ces mœurs d’antan que l’Afrique tenait en haute estime ?

Mr ANAGONOU Maurice: Votre question sous-entend un présupposé que je déteste. C’est le présupposé que les africains d’aujourd’hui ne sont pas capables de production de valeurs propres, de savoirs propres, de normes propres : soit, ils reproduisent les savoirs, les normes, les valeurs d’antan ; soit, ils copient ce qui vient de l’Occident.

Or dès que les populations ont été soumises à des valeurs occidentales, les chefs de collectivité ont proposé des repères pour éclairer la cohabitation de ces dernières avec les valeurs traditionnelles.

Ces repères ont été fournis à travers des contes, des principes, des proverbes et autres moyens pédagogiques. A titre d’exemple, nous pouvons citer le proverbe suivant : « La dislocation du monde n’équivaut en rien à la dislocation de la famille ». L’efficacité de ces moyens va se constater par la prééminence dans les quotidiens, des systèmes normatifs traditionnels nommés « SOU » chez les fon du Bénin,  par rapport aux systèmes normatifs calqués sur des modèles occidentaux appelés « SIN ». Même chez les intellectuels de haut rang, en cas de conflits, l’observance des « SOU » passe avant l’observance des « SIN » pour la grande majorité.

C’est un exploit et il serait intéressant de chercher à comprendre comment l’éducation traditionnelle a-t-elle pu réussir un tel exploit.

Néanmoins, cet exploit n’a pu ralentir l’accroissement en importance des valeurs véhiculées par le monde occidental. Les chefs de collectivités qui sont les gardiens des valeurs traditionnelles ont vu une bonne partie de leur pouvoir rognée par l’apparition de nouveaux moyens d’accéder au pouvoir comme les diplômes, l’argent, la technologie, le pouvoir politique…

En réaction :

1. Sans ambiguïté, l’argent a été positionné comme une valeur médiane. En effet, pour faciliter la hiérarchisation des valeurs les éducateurs ont positionné l’argent et l’ensemble des nouvelles valeurs véhiculées par le monde occidental comme des valeurs médianes chez les fon. Les valeurs humaines sont supérieures. On estime que l’argent ne peut permettre d’en acquérir. Chez ces fon du Bénin, les expressions qui consacrent cette hiérarchie des valeurs sont :

a. « NOU E (ce qui) HO (a acheté) KOUE (l’argent) » pour désigner l’ensemble des valeurs humanistes : la vie, la santé, la paix, la concorde…

b. « NOU E (ce que), AKOUE (l’argent)  HO E (a acheté)  » qui se traduit par ce que l’argent peut permettre de s’octroyer. Il s’agit de : la  maison, la terre, les moyens de déplacement…

2. La vie positionnée comme une valeur au-dessus de toutes les autres, elle qui est reçue des ancêtres et doit être transmise aux générations à venir. C’est pourquoi dans beaucoup de familles, les enfants engendrés par un jeune père ne lui appartiennent pas. « Cet homme n’est qu’un maillon dans la chaîne qui transmet la vie ; il doit rendre compte de cette transmission aux générations qui précèdent, celles qui sont les plus proches des  ancêtres, et donc des premières responsables ».

3. On assiste à une adaptation dans l’organisation sociale : les rois et chefs traditionnels, les chefs de couvent et les chefs de collectivité, sont de plus en plus choisis parmi les hauts cadres de l’administration publique à la retraite. L’antagonisme modernité et pratique traditionnelle se réduira.

C’est sûr que malgré ces efforts d’éducation et d’adaptation, la culture du plaisir individuel de toute nature se développe. Mais c’est la vie.

Le Grain: Alors, peut-on rendre le contact avec les structures/cultures occidentales responsables de cette dépravation des mœurs ? Si oui, en quoi ?

Mr ANAGONOU Maurice: On ne peut pas rendre le contact avec les structures/cultures occidentales responsable de la dépravation des mœurs. D’après les systèmes explicatifs des comportements a-sociaux chez les fon du Bénin, les causes sont le fait :

- d’une mauvaise éducation ou,

- d’un esprit qui perturbe, ou,

- des conséquences des charmes (ou BO) exercés par des personnes jalouses de la victime, ou,

des conséquences d’une mauvaise observance des lois de la nature ou de la collectivité.

Je partage d’ailleurs un élément de cette grille de lecture des comportements marginaux dans lesquels se trouvent les manières de vivre qui peuvent être qualifiées de légèreté sexuelle. Il s’agit du manque d’éducation ou de  bonne éducation.

A cela il faut ajouter que celui qui mène une vie trop peu ordonnée sur le plan sexuel, a perdu ou n’a jamais connu le sens du sacré, le sens de créature de DIEU qu’il est.

Une mauvaise connaissance de DIEU peut être le fait d’une image d’un :

- Dieu « appris », extérieur à soi, trop souvent présenté comme exigeant et culpabilisant. Ceci peut conduire à un rejet de DIEU et des exigences d’une relation avec Lui.

- Dieu qui n’est pas tourné vers les personnes et qu’il faut conquérir. Cela fatigue et on peut être amené à se dire « de toutes les façons je suis déjà condamné de par ma qualité de vie. Et je n’ai pas la force de me retourner »

Le Grain: Dans ces ‘’nouvelles mœurs’’, si vous me permettez l’expression passagère,  l’amour éros (cerné au sens platonicien comme l’amour qui manque ou qui prend) semble occuper une place de prédilection. Croyez-vous que cet amour éros est aujourd’hui galvaudé en Afrique ? Et quels exemples pouvez-vous nous en donner ?

Mr ANAGONOU Maurice: C’est vrai que le contact avec le monde occidental et les super moyens de communication qui existent aujourd’hui, a entraîné une exaspération de la culture du plaisir. Mais cette culture du plaisir était bien présente dans notre tradition. Nous sommes un peuple de fêtes, nous, les Noirs africains.

Je ne pense donc pas qu’il y ait un galvaudage de l’amour en Afrique. Nous savions que le mariage qui devait célébrer l’union de deux êtres qui s’aiment était un arrangement entre familles des époux. C’est vrai que cela a un avantage : deux personnes qui ne s’aimaient pas forcément apprennent au fil des années à s’aimer. Et cela donne lieu à la culture d’un amour don de soi, un amour détachement… mais ceux qui n’y arrivent pas parviennent souvent à l’amour devoir. Qui est déjà tourné vers les autres notamment les enfants.

C’est aussi vrai qu’avec l’Internet, l’accès à une pornographie gratuite n’a pas arrangé  le développement de mœurs solides et humanisantes.

Le Grain: Quels impacts la quasi-libéralisation de la sexualité, voire de la génitalité, a-t-elle sur la jeunesse africaine ?

Mr ANAGONOU Maurice: La culture du plaisir personnel de toute nature et de la sexualité en particulier a faussé le sens de la vie.

- Dans nos sociétés, les mœurs légères sont tolérées, même si elles ne sont pas valorisées. Etant donné que la norme dit ce qu'il est permis de faire, et non pas ce que tout le monde doit faire, cette tolérance exprime une normalisation de ces manières de vivre. En plus portée par les outils de communication puissants comme l’Internet et la télévision, la promotion des mœurs légères avance inexorablement et à grande vitesse. Les premières relations sexuelles sont de plus en plus précoces. On assiste progressivement à une suppression de la pré-puberté (9 à 12ans). Les pré-pubères se comportent aujourd’hui comme des adolescents.

- Les sens du devoir, du sacrifice, du discernement, de la construction patiente, sont noyés par des valeurs de consommation soutenues par les media. Ces media qui, quasi à notre insu, diffusent  constamment des façons de vivre qui conditionnent et influencent les manières de vivre des enfants, des jeunes et des adultes. Il devient difficile de se construire un sens authentique pour conduire sa vie et légitimer des options personnelles.

- L’écoute de la conscience et des intuitions est perturbée, alors que c’est une voie royale pour rester soi-même face à cette flopée conditionnant à consommer des valeurs déshumanisantes.

Mr ANAGONOU Maurice: Convenez-vous avec moi que les grossesses non désirées, les avortements, les multiples partenaires sexuels, ainsi que le fléau du VIH/SIDA, ne sont pas typiques à l’Afrique ? Ne sont-ils pas le signe flagrant d’une licence sexuelle dont les méfaits enlacent inlassablement la jeunesse africaine ?

Mr ANAGONOU Maurice: Votre formulation exprime une situation très préoccupante partagée par toutes les personnes de bonne volonté, où qu’elles se trouvent sur notre planète. En effet partout sur terre, les jeunes subissent une pression ambiante qui encourage très souvent l’activité sexuelle précoce.

C’est pourquoi, il est très important d’éclairer vos lecteurs sur la nécessité d’un accompagnement des jeunes pendant leur préadolescence et leur adolescence. Les jeunes pubères ont fondamentalement besoin d’être accompagnés dans la construction du sens de la vie, dans le choix de références valorisantes pour leurs personnes et humanisant de la réalité de la sexualité elle-même. Malheureusement ni les parents ni les éducateurs ne sont correctement outillés pour engager ce dialogue constructeur de sens de la vie et humanisant de la réalité sexuelle. Conséquence fâcheuse, les enfants et jeunes sont livrés à l’influence de leurs pairs et des moyens de communication.

Le Grain: Face à ce triste constat, pensez-vous qu’il est possible de stopper l’hémorragie ?

Mr ANAGONOU Maurice: Arrêter l’hémorragie, je ne sais pas. Car les hommes sont toujours libres.

Il est cependant important de redonner des repères pour construire un sens à l’acte sexuel. L’expression sexuelle de soi doit se faire dans un cadre relationnel :

- Elle est un domaine d’expression de soi et d’accueil de l’autre dans la plus grande intimité.

- Elle est un langage où le corps prédomine pour recevoir et exprimer, mais où toutes les dimensions de la personne sont manifestes de part et d’autre. Les dimensions : mentale, spirituelle, émotionnelle, corporelle sont présentes dans l’exercice de la sexualité.

- L’expression sexuelle fait appel à des attitudes relationnelles qui peuvent se déployer de plus en plus dans l’amour pour l’autre : l’accueil et l’émerveillement, la confiance, la foi en l’autre, l’abandon, la tendresse, l’authenticité et l’adaptation.

- Elle fait appel à des attitudes profondes dans la relation : l’ouverture, l’humilité, la joie, le respect et autres selon les personnalités des partenaires. Ainsi, certains y vivront de l’humour, d’autres de la beauté et de l’esthétique, d’autres en profiteront pour des temps de dialogue et d’échanges en profondeur.

- L’expression sexuelle peut se rattacher à un appel à collaborer à l’acte de création, sous forme de fécondité physique, lorsque des enfants sont appelés à la vie sociale pour diverses motivations ou raisons.

Il faut aussi aider les jeunes à se désaliéner par rapport à la mode de consommation sans discernement.

Le Grain: Quelle peut être la contribution de l’Eglise catholique et surtout de la jeunesse catholique ?

Mr ANAGONOU Maurice:

Tout homme porte en lui, toute femme porte en elle, la trace de Dieu inscrite au plus profond de son être comme la marque de son origine.

Cette trace laisse au fond du cœur  de la personne une sorte de nostalgie qui cherche à la ramener à cette référence intérieure et la guide dans sa recherche de Dieu.

Il est important d’apprendre à accompagner la quête personnelle de DIEU née de cette marque originelle.

L’Eglise catholique, en s’engageant dans la complexe voie de l’inculturation, a ouvert un chantier qui va donner de repère pour cet accompagnement. Par exemple chez les fon, évoquer les dix commandements de Dieu « MAHOU SIN WO LES », c’est le signe évident qu’ils sont vécus comme un système normatif imposé de l’extérieur. Ils ne sont pas de même nature que les « SOU ». Avec les « SOU » il y a une conscience d’une alliance entre le clan dont on est issu et une Réalité transcendante. Un travail réussi de l’inculturation peut révéler les voies et moyens, déclasser les commandements de Dieu et les élever au rang de « SOU » dans les consciences individuelles même si l’appellation « SIN » demeure. Une telle conscience rend présent le sens sacré dans les choix et options de vie.

Le Grain: Seydou BADIAN, dans son ouvrage intitulé Le Pagne Noir, réfléchit comme suit : « Les Blancs se battent toujours car ils ont fait fausse route, ils se sont mesurés aux dieux et ils ont perdu ; vouloir défaire ce qui était fait par les dieux afin de mettre à la place ce que désirent les hommes ; voilà le geste audacieux dont rêvent les Blancs, voilà aussi la source de leurs litiges». Pensez-vous que les conflits moraux ayant cours en Afrique aujourd’hui sont la résultante d’une assimilation indigeste des schèmes occidentaux ? Ou bien, voyez-vous plutôt l’Afrique glisser sur le sentier où leurs ‘’modèles blancs’’ se sont cassé la figure, pour avoir osé défier l’ordre normal préétabli par les ‘’dieux’’ ?

Mr ANAGONOU Maurice: Cette idée de l’homme qui se bat et veut défaire ce qui était fait par les dieux afin de mettre à la place ce que désire l’homme, n’est pas propre à la race blanche. Dans son ouvrage LE MEURTRE DU VODUN DAN, le père SMA Pierre SAULNIER en étudiant les mythes recueillis autour du culte du Vodun Dan, a soulevé la même problématique. Dans sa conclusion on peut lire ceci : « ne pouvant atteindre le centre où se prennent les décisions, l’homme élimine l’intermédiaire, le vodun Dan ; la stabilité et l’ordre du monde n’en sont pas changés puisque la pluie continue à tomber, puisque tout homme continue à recevoir la vie et son "sê".  (SAULNIER, 2002) Il continue en citant le professeur Herskovits « dans ce monde régi par la Destinée…  l’homme vit en sécurité, convaincu qu’entre le Destin inexorable institué pour un individu et la réalisation effective de ce destin, il existe une issue possible." Pour le Père Pierre SAULNIER, l’issue possible dans la culture gun et fon du Bénin est le meurtre symbolique du vodun, par lequel le héros montre en même temps sa capacité de parvenir par lui-même au bonheur.

C’est une problématique universelle. On la retrouve aussi dans la genèse au chapitre trois, verset six.

Le Grain: A ce niveau de notre entretien, dites-nous de quelle Afrique vous rêvez pour les générations à venir ?

Mr ANAGONOU Maurice: Je rêve d’une Afrique dont les enfants se sont réconciliés avec la mouvance du Saint Esprit qui leur a révélé que :

- Dieu c’est Celui qui nous a partagé son corps pour que nous ayons sa vie en nous,

- L’adulte c’est celui qui (Min) actualise (Da) la parole (Ho) qu’il est,

- La sagesse consiste à devenir "celui qui (Min E) engendre  (Djo) l’autre (Min)" autrement dit, celui dont le contact est humanisant…

Je rêve d’une Afrique résolument engagée dans ma voie de l’inculturation pour redécouvrir là où se sont arrêtées les histoires des relations de nos peuples avec leur DIEU, avant les débuts de l’évangélisation. Retrouver la dynamique de développement de cette relation, autrement dit la pédagogie de DIEU, avec chacune de ces peuples, est selon moi un moyen certain de savoir comment accompagner ces peuples dans leur quête de DIEU.

Par exemple, à un moment du développement de l’histoire de sa relation à DIEU le peuple fon du Bénin est arrivé à la conclusion : « le malheur de l’homme réside dans l’absence de chemin qui mène vers DIEU ». Dans les années 70, une bonne dizaine de chansons furent conçues autour de cette thématique. Quelle a été la réaction de mon Eglise à ce cri d’un peuple qui s’est lassé de chercher en vain le chemin qui mène vers DIEU ?

Très récemment dans les années 2000, beaucoup de compositeurs ont repris la thématique de la méchanceté de l’homme face à son prochain, prônant, la méfiance entre pairs humains. Quelle a été la réaction de l’Eglise face à cette expression d’angoisse de celui qui vit loin de DIEU même s’il fréquente une Eglise ?

Ce que j’ai vu, c’est souvent une confirmation de cette conception de la méchanceté à travers les exorcismes, la chasse aux sorciers, aux démons. J’ai rarement été témoin d’un processus de mise en relation avec DIEU présent au cœur de soi, une mise en contact de DIEU présent et agissant sans son histoire personnelle. Il est impossible de rassurer durablement quelqu’un de l’extérieur de la personne. Voyez un enfant qui fait un cauchemar et affirme avoir vu un lion. Vous avez beau éclairer la chambre, fouiller les coins et recoins pour lui prouver qu’il n’y a pas de lion dans la chambre, cela ne lui enlève pas sa peur. Seul un dialogue qui lui redonne confiance en lui, et lui donne  force pour faire face à sa peur peut arriver à le rassurer.

Le Grain: Enfin, quels seraient votre message et appel pour la jeunesse africaine et pour nos lecteurs du GRAIN ?

Mr ANAGONOU Maurice: Prenons les moyens de ne jamais perdre le sens du sacré. Les lectures saintes et saines, les retraites, l’accompagnement spirituel, l’engagement dans un groupe sont des moyens qui nous permettent d’avancer sur le chemin de la rencontre. N’hésitons pas à prendre ces moyens déjà.

Il est important de se mettre dans la vérité de son vécu de recherche de DIEU. En effet décréter qu’on a rencontré DIEU ou affirmer qu’on Le connaît, ne nous le fait pas le rencontrer ou connaître. Après la catéchèse nous sommes outillés pour aller à la rencontre de DIEU.  Mais cela ne veut pas forcément dire que nous l’avons rencontré.

L’expérience nous apprend une distinction importante :

Dieu est une nouveauté continuellement déconcertante, que nous ne pouvons contenir en nos mots. DIEU est ainsi.

Notre senti de Dieu, l’expérience que nous en faisons, ça c’est nous…

Il est donc important de retenir cela, pour ne pas réduire Dieu à l’expérience que nous en avons, pour ne pas le fabriquer à notre mesure avec nos limites humaines, pour demeurer ouverts, ouvertes à de nouvelles expériences. Dieu est toujours au-delà, Il nous appelle. Nous ne pouvons que nous ouvrir à une révélation progressive et continue qui surgit du fond de notre être.

Il nous sera alors plus facile de tenir le cap en dépit des pressions à mener une vie sans DIEU. Nos mœurs s’en porteront mieux, l’Afrique en sortira intrinsèquement ragaillardie, et nous les Africains en tireront d’énormes et abondants fruits.

Le Grain: Nos sincères remerciements à vous, Monsieur ANAGONOU Maurice, pour avoir bien voulu immoler de votre temps sur l’autel de la connaissance, en vue d’une tâche didactique pour nos fidèles lecteurs. Le bureau du Grain vous souhaite JOYEUSES FETES DE FIN D’ANNEES et vous formule ses meilleurs vœux pour l’année deux mil onze qui pointe à l’horizon. Nos prières vous accompagnent, comme les vôtres nous encouragent !

Interview réalisée  par  Valentin LISSASSI & Jacques BIDAHOU

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Saint Arnold JANSSEN

« Précieuse est la vie donnée pour la mission »

                                               (Suite et fin du N° 22)

INAUGURATION  DE LA MAISON MISSIONNAIRE SAINT MICHEL A  Steyl

A l’occasion de la liturgie inaugurale le 8 septembre 1875, Arnold Janssen déclara dans son homélie : « Si quelque chose doit sortir de tout ceci, Dieu seul le sait. Mais nous exprimons notre gratitude à celui qui nous a aidés à ces débuts. Nous espérons que cette maison atteindra ses objectifs. La simplicité de ces origines ne devrait pas nous décourager. L’arbre le plus solide commence comme une petite semence et le géant le plus vigoureux est, à ses débuts, un nourrisson gémissant. Nous sommes très conscients qu’avec les ressources à notre disposition actuellement nous ne pouvons pas accomplir notre tâche, mais nous croyons avec confiance que le bon Dieu pourvoira à tout. Il peut disposer de nous à sa volonté. Si le séminaire réussit, nous y reconnaîtrons l’intervention et la grâce de Dieu. S’il échoue, nous nous frapperons la poitrine et confesserons que nous n’étions pas dignes de sa grâce. Cela ferait certainement pitié si nous devions constater que nos efforts ont été vains. Qui sait si quelqu’un aurait le courage de recommencer ? Voici donc mon appel à tous ceux qui sont ici présents : que pouvons-nous faire ? Premièrement, prier, supplier le Seigneur de la moisson. Deuxièmement, faire des sacrifices. »

ARNOLD JANSSEN UN SAINT POUR NOTRE TEMPS

Les Saints sont des indicateurs de la présence de Dieu dans nos vies, mais ils ne sont pas toujours désirés et très souvent dérangeants. La vie et le travail d’Arnold Janssen illustrent, de façon étonnante, cette parole de Jésus : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et le reste viendra tout seul, vous sera donné par surcroît ». (cf. Mt 6,33) La façon dont il a vécu montre l’importance capitale de la prière et de la recherche de la volonté de Dieu qui soulignent clairement sa confiance sans faille en Dieu, son Père. Saint Arnold, homme sans prétentions, au caractère quelque peu gauche et maladroit, montre bien que Dieu aime se servir de personnalités apparemment faibles et insignifiantes pour réaliser de grandes choses dans son Royaume.

Homme de prière il devint apôtre itinérant, fondateur de congrégations religieuses il devint homme de l’Eglise universelle. Sa relation et sa dévotion profondes à la Sainte Trinité, ont aidé Arnold sur le chemin de la compréhension de l’Eglise universelle et missionnaire.

LES MISSIONNAIRES DU VERBE DIVIN

Voici comment les Missionnaires du Verbe divin se définissent aujourd’hui, en fidélité inventive à leur fondateur Arnold Janssen, en accord avec leurs Constitutions (version 1983/2000) et les résolutions récentes du dernier chapitre général :

Notre Appel

En accord avec les paroles de Jésus Christ : « La paix soit avec vous ! Comme le Père m’a envoyé je vous envoie » (Jn 20,21), nous sommes prêts à quitter notre pays, notre langue et notre culture et à aller là où l’Eglise nous envoie. Cette disponibilité est la caractéristique essentielle de notre vocation missionnaire.

Notre Congrégation

Nous faisons partie d’une congrégation catholique religieuse, composée de prêtres et de frères laïcs religieux vivant dans des communautés internationales et multiculturelles. Ainsi nous donnons témoignage à l’Eglise universelle et aux relations fraternelles. Par des vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance nous nous lions à cette congrégation religieuse missionnaire.

Notre Mission

Nous travaillons de préférence dans des régions où l’Evangile n’a pas encore été proclamé ou pas suffisamment proclamé, et où l’Eglise locale n’est pas encore bien établie. L’exemple de Jésus, le Verbe incarné, nous guide dans notre mission. Ouverts aux traditions religieuses et culturelles du monde entier et par respect pour elles nous sommes prêts au dialogue avec tous et partageons la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu avec eux.

LES SŒURS MISSIONNAIRES

L’Esprit Saint qui a allumé le feu missionnaire au cœur de nos premières Sœurs, nous appelle à répondre comme communauté de femmes, disciples de Jésus, aux défis de la mondialisation.

Notre Appel

Jésus Christ nous appelle à « être avec Lui et à être envoyés par Lui ». (cf. Mc 3,14) Notre première tâche est la proclamation de la Bonne Nouvelle. Nous sommes prêtes à servir la mission universelle de l’Eglise, même si cela signifie que nous aurons à sacrifier notre propre langue, notre pays et notre milieu culturel.

Notre Mission

Ouvertes aux circonstances et besoins de notre temps, nous exerçons notre ministère là où se fait sentir le besoin du service des femmes et où l’évangile n’a pas encore été proclamé ou insuffisamment proclamé, ainsi que là où l’Eglise locale a encore besoin d’assistance. L’activité missionnaire est l’œuvre du Saint Esprit. Nous nous plaçons sous sa conduite. Nous respectons les traditions et convictions de tous les peuples. Par toute notre vie nous rendons témoignage à l’évangile de l’amour divin. Nous nous engageons:

Envers des gens à la recherche de Dieu et d’une vie qui ait du sens,

Envers les femmes et les enfants dans des situations de détresse,

Envers les pauvres,

Envers tous ceux et celles touchés par le sida,

Pour l’intégrité de l’environnement et de la création.

LES SŒURS DE L’ADORATION PERPETUELLE

Assisté de Mère Marie Michèle, Arnold Janssen fonda en 1896 la congrégation des Sœurs Servantes du Saint Esprit de l’Adoration perpétuelle. En bref Sœurs de l’Adoration  comme troisième branche de la famille des congrégations de Steyl.

Notre Appel

Par la force de son Esprit, Dieu nous a appelées à la vie contemplative et au service d’une adoration ininterrompue. De cette façon nous soutenons l’activité missionnaire de l’Église, la propagation de la foi et la consécration des prêtres.

Notre Mission

Afin que « tous aient la vie et qu’ils l’aient en abondance » (Jn 10,10) nous nous consacrons, dans un esprit missionnaire, à l’adoration et à la louange du Dieu Trine par la prière d’intercession et par toute notre vie pour l’œuvre du salut. Selon le souhait de Saint Arnold, notre intercession incessante de jour et de nuit vise en premier lieu les missionnaires du Verbe divin ainsi que leurs Sœurs missionnaires. En même temps nous sommes conscientes que notre vie contemplative sera d’autant plus fructueuse qu’elle sera comme aspirée dans l’amour et l’offrande de Jésus Eucharistie. Cette mission de notre vie contemplative comme Sœurs cloîtrées se fera également dans les régions du monde où l’Eglise du Christ n’est pas encore solidement établie.

Source: www.fides. Org / fra/news

Matthieu KOUDADA

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POEMES

UNE VIE DEVIENT  FETE

 Alors la vie est une fête

Chaque petite action

Est un événement immense

Où le paradis nous est donné

Où nous pouvons donner le paradis.

Qu’importe ce que nous avons à faire

C’est Dieu qui vient nous aimer

Laissons-le faire.

 

AIMER JUSQU'A DIEU

Marche dans ton amour

Mais n’espère pas que la joie

T’y suivra pas à pas

Le bonheur n’est pas l’ombre de l’amour

Quand l’amour avance

Il semble parfois dormir ou reculer

Mais quand ton amour aura atteint

Son but qui est Dieu

La joie t’y rejoindra d’un coup d’œil

Et ne te quittera plus jamais.

Jean-Claude ALOU

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Humour

Lorsque un « T » peut se transformer en un « Z » sauveur.

Un vol quitte l’aéroport international de Yémen du nord en direction de Paris. Parmi les hôtes passagers on note la présence d’une famille togolaise ; composée du père, de la mère et de leur jeune garçon de 7 ans.

L’appareil en plein air au dessus de la mer connaît de terribles difficultés. Donc, il y a urgence de trouver une solution. La seule et unique solution trouvée par le commandant de bord consistait à faire jeter certains passagers  dans l’océan pour sauver les autres. Tous sans exception acceptèrent cette solution. Et le commandant attend ceux qui imiteront le rédempteur pendant au moins dix minutes. Comme personne ne veut mourir mais que tous veulent être sauvés, il décida de procéder par ordre alphabétique de chaque nationalité.

Le commandant : y-a-t-il des Américains à bord ? Pas de réponse Australien… Congolais...

L’appel continua et il arriva sur la lettre « T »

Le commandant : y-a-t-il des Togolais à bord ? Pas de réponse

Alors le petit togolais dit à son Papa : ne sommes-nous pas des Togolais ?

Le père : mon fils, pour l’amour de Jésus  tais –toi !!!

Aujourd’hui nous sommes Zogolais

Edoh Adolphe ANATO

 

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René KPABI s’en est allé !

Parti en congés comme tous les autres postulants SVD de Lomé, René n’a plus effectué sa rentrée académique 2010-2011 pour faire sa deuxième année de Philosophie.

En effet, souffrant des maux de ventre selon ce que lui-même disait suite à plusieurs analyses médicales faites chez lui à Bassar sans que les médecins ne détectent au juste ce dont il souffrait, il fut amené à la  ’’Clinique de l’Espérance’’ de Lomé sur demande de ses formateurs.

Après d’autres analyses, seules celles de la radiologie et de l’échographie ont montré qu’il souffrait plutôt d’un cancer primitif de foie. Ce cancer, dont on ne connaît toujours pas la cause, lui a coûté la vie après quelques semaines de traitement, le 14 Septembre 2010 en la Fête de la Croix Glorieuse. Sa mort provoqua étonnement, consternation, douleurs sans nombre dans les cœurs de ceux qui l’ont connu.

Ce jeune homme orphelin, qui a voulu consacrer sa vie tout entière à la suite du CHRIST est parti dans la fleur de son âge pour la Maison du Père. Sa mort précoce ne nous fait-elle pas réfléchir sur la précarité de notre vie ?

N’est-ce pas encore une occasion pour nous de veiller comme nous le dit l’Evangéliste : « Veillez donc, parce que vous ne savez pas quel jour votre maître va venir. » Mt 24, 42.

Si nous préparons tous les jours et envisageons notre mort avec sérieux, elle deviendra pour nous un stimulant à mieux vivre. C’est dans cette logique que KIERKEGAARD disait : « A l’homme animé de sérieux, la pensée de la mort donne l’exacte vitesse à observer dans la vie, et elle lui indique le but où diriger sa course. »

Alors préparons-nous au jour le jour et demandons à Dieu comme le psalmiste : « Seigneur, apprends-nous la vraie mesure de nos jours et que nos cœurs pénètrent la sagesse. » (Ps 89). Car, nous ne savons ni le jour ni l’heure. Nous voulons ici témoigner notre gratitude aux confrères SVD de la Communauté de Bassar ainsi que ceux du district qui l’ont soutenu durant ses moments d’épreuves. Nous remercions également le clergé de la paroisse de Bassar et de KABOU ainsi que les fidèles. Notre reconnaissance va aussi à l’endroit de la famille NAKPAN qui avait pris en charge notre regretté et l’a accompagné jusqu’à sa dernière demeure. Que Dieu vous bénisse abondamment.

Seigneur, accorde un repos éternel à René Kpabi et que brille sur lui la lumière de ta face.

Les Formateurs du postulat, SVD

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Des entretiens intérieurs de Jésus-Christ avec l’âme fidèle

J’écouterai ce que le Seigneur Dieu dit en moi.

Heureuse l’âme  qui entend le Seigneur lui parler intérieurement, et reçoit de sa bouche la parole de consolation !

Heureuses les oreilles toujours attentives à recueillir ce souffle divin, et sourdes au bruit du monde!

Heureuses, encore une fois les oreilles qui écoutent non la voix qui retentit au- dehors, mais la vérité qui enseigne au–dedans !

Heureux les yeux qui, fermés aux choses  extérieures, ne contemplent que les intérieures !

Heureux ceux qui pénètrent  les mystères que le cœur recèle, et qui par des exercices de chaque jour, tâchent de préparer de plus en plus  à comprendre les secrets du Ciel !

Heureux ceux dont la joie est de s’occuper  de Dieu, et qui se dégagent de tous les embarras du siècle !

Considère ces choses, ô mon âme, et ferme la porte de tes sens, afin que tu puisses entendre ce que le Seigneur ton Dieu dit en toi.

Voici ce que dit ton bien-aimé : je suis votre salut, votre paix et votre vie.                  

Demeurez  près de moi et vous trouverez la paix. Laissez là tout ce qui passe ;

ne cherchez que ce qui est éternel.

Que sont toutes les choses du temps que des séductions vaines ? Et de quoi vous serviront toutes les créatures, si  vous êtes abandonnes du Créateur ?

Renoncez donc à tout, et occupez-vous de plaire à votre Créateur et de lui être fidèle, afin der parvenir à la vraie béatitude.

Extrait de ‘’L’imitation de Jésus-Christ’’ Page 91

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